La chasse à travers l'Histoire française

Du XVIème siècle au Second Empire (1852-1870)

La chasse est une pratique profondément ancrée dans l’histoire de l’humanité. D’abord utilisée à des fins de survie, elle est rapidement devenue un loisir. Depuis l’Antiquité, cette pratique est assimilée à un privilège, lors de la Renaissance elle est réservée à la plus noblesse. 

Une priorisation seigneurial
de la chasse sous l’Ancien Régime
(1515 - 1789)

La chasse devient officiellement un privilège accordé à la noblesse depuis l’ordonnance de 1396, qualifié de “noble déduit”, c’est-à-dire une activité de plaisir exclusivement réservée aux nobles de cette époque. Les chasses royales étaient notamment utilisées pour démontrer le pouvoir politique, les plus connues sont celles menées à travers les bois de Chambord par François Ier ou de Versailles sous Louis XVI. Néanmoins, les guerres de Religion marquent le début de fortes contraintes pour cette pratique, en parallèle du renforcement de l’absolutisme.

Au fil du temps, ce privilège est rythmé par des règles qui vont s’intensifier et être détaillées par des traités portant sur le type de gibier éligible à la chasse ainsi que les manières de les chasser. La chasse devient alors un terrain de confrontation réglementée entre la bestialité, l’expérimentation, au niveau individuel et collectif et les coutumes encadrant l’éphèbe noble qui s’adonne à la construction et l’affirmation de son identité vis à vis de ses pairs.

En dépit de ces règles imposées par la royauté, les paysans français étaient en mesure de chasser comme bon leur semble, principalement en montagne, sur les prés communaux ou en forêts. 

Chasser est devenu un droit étroitement soumis à des prescriptions sur les avantages de la Monarchie pour ce déduit et contrecarrer le braconnage sur les espaces cynégétiques royaux.

Parmi ces nombreuses réglementations, les plus marquantes sont la mise en place du Droit de Chasse de la noblesse en 1515 accordant un droit d’exclusivité, le braconnage est passible de peine de mort. Ensuite, en 1659, une ordonnance de Louis XIV interdit le port d’armes à tous ceux qui ne disposent pas du droit de chasser. Dix ans plus tard, Louis XIV rend une autre ordonnance fondamentale qui va venir renforcer le monopole du Roi et de la Noblesse sur la chasse, et l’interdiction aux roturiers. Depuis, une indulgence sera accordée aux braconniers par la suppression de la peine de mort. En raison de la pullulation du gibier et des nuisibles, les récoltes ont été ravagées, ainsi une ordonnance va présenter les premières mesures de régulation, prenant la forme de battues (“le fait de battre les taillis et les bois pour en faire sortir le gibier », Dictionnaires Le Robert).

Fin de la Révolution, l’avènement
de la chasse bourgeoise

L’abolition des privilèges est la répercussion des plus imprévue suite à la prise de la Bastille. Ainsi, la révolution française a aboli de nombreux droits et privilèges féodaux votée à l’unanimité, le droit de chasse fut concerné par cette suppression, originellement instauré par l’Ancien Régime. Par conséquent, les réserves de chasse royales et le système de Capitainerie finissent par disparaître. C’est à partir de ce moment-là, qu’une vague de chasse massive se propage sur l’ensemble du territoire français. Cela déclenche la promulgation d’un décret, en 1790 stipulant que toute personne possédant des terres peut y chasser ou sur celui d’autrui avec son accord. Une autre mesure de régulation a été mise en place un peu plus tôt que le décret précédent, prenant la forme de location du droit de chasse par un propriétaire, ce décret sera rapidement abandonné.

En bref, le droit de chasse exclusif s’est vu transformé en droit de chasse des propriétaires. D’autant plus que ce loisir a subi une relégation des nobles aux riches bourgeois.

L'introduction
d'un nouveau
cadre au XIXe

Encore une fois, l’idée de location revient ici, cependant elle s’applique seulement aux municipalités. Seules les municipalités peuvent louer leurs terres dans un but cynégétique. Napoléon va ensuite accentuer la réglementation concernant la chasse par l’introduction de permis payant. Le décret du 11 juillet 1810 met en place un permis de port d’armes de chasse payant. 

Outre la délimitation de la période de chasse, ces permis définissent également les zones géographiques concernées c’est ce que spécifie la loi sur la police de la chasse de 1844. De sorte qu’il est possible de chasser sur le territoire d’un autre, tant qu’il obtient l’accord de ce dernier. Elle aboutit à une utilisation machinale dans certaines zones du territoires français, au point de conduire à l’extinction de multiples espèces, tant sur les cultures que les écosystèmes.

Il est intéressant de noter que cette loi est toujours d’actualité. En effet, elle forme un rudiment de l’organisation de la chasse populaire française.