La chasse à travers l'Histoire française​

Du Second Empire (1852-1870) à nos jours

Le privilège de chasser, aboli suite à la Révolution française, du fait des ravages causés à la faune et flore ont été constatés, ce qui entraîne par la suite la mise en place de réglementations qui ne cesseront d’évoluer et de se préciser au fil des époques.

L’essor de la
chasse sous le Second Empire
à la Belle Epoque,
une généralisation de la chasse

La deuxième moitié du XIXe siècle est marquée par l’essor sans précédent de la chasse française. Elle s’est étendue à toute la société française lorsque Napoléon III occupait le trône et durant la Révolution industrielle. Les innovations technologiques au niveau de l’armement et la naissance du chemin de fer rendant accessible la campagne à la majorité de la population, la chasse domine alors des territoires et gibiers inédits. Simultanément et à force égale, le braconnage frappe de plein fouet la France, au détriment de certaines espèces qui autrefois abondantes, se voient considérablement diminuer. 

L’avènement du Second Empire va assouplir la liberté d’association, des structures de la chasse associative voient le jour, se traduisant par les premiers regroupements de chasseurs.

Durant la Belle Époque, la chasse ne cesse de gagner en popularité, ce phénomène s’étend même aux villes, que dans les campagnes. Cela peut être considéré comme le summum de l’image du chasseur, laissant même son empreinte dans la peinture et la littérature. Célèbre auteur réaliste et naturaliste, Guy de Maupassant, affectionnait grandement la chasse, qui était une de ses activités principales. Sa passion se reflétait dans ses écrits qui contenait énormément de mots, d’expressions appartenant au vocabulaire cynégétique. Joseph Oberthur, peintre, dessinateur animalier et écrivain français, a incorporé dans ses travaux l’art cynégétique.

La possession de permis est un indicateur pertinent exposant l’ampleur de ce phénomène, le nombre de détenteurs de permis a été multiplié par 3 en l’espèce d’un demi-siècle, passant de 125 000 en 1844 à 450 000 en 1900.

Une structuration formelle au XXème siècle

A partir du XXème siècle, les premières structures cynégétiques, parmi lesquelles on peut citer le Saint-Hubert Club de France. Le SHCB prône avant toute chose la protection de la chasse française contre le braconnage qui se traduira par la formation d’un corps national d’agents de contrôle et la création association de gardes-chasse, puis plus tard en créant une mutuelle pour ceux ayant une profession liée à l’exercice de la chasse. Peu après sa création, cette organisation sera épaulée par les pouvoirs publics en lui conférant le statut d’association d’utilité publique, lui apportant une légitimité non négligeable. 

En 1912, une association est créée spécialement à la protection d’une espèce, la Ligue Française pour la Protection des Oiseaux, visant à protéger les macareux moines.

La loi de 1941 représente un tournant dans l’histoire de la chasse illustrant de nouvelles préoccupations chez les adeptes de celle-ci. Cela marque la création de d’institutions administratives spécialisées dans la chasse. Chaque département est maintenant dotée d’une société de chasseurs nommée Fédération Départementales des Chasseurs, d’une part. D’autre part, un corps national possédant une fonction consultative est mise en place sous le nom de Conseil Supérieur de la Chasse. Après le deuxième conflit mondiale, la France compte près de 2 millions de chasseurs, ce nombre étant supérieur au nombre de permis de chasser au niveau européen. 

Durant les années 60, se dessine la volonté de mettre en place un équilibre sylvo-cynégétique, notamment entrepris par l’Association Nationale des Chasseurs de Grand Gibier (ANCGE). Dans le but de préserver la faune sauvage, un plan de chasse facultatif, concernant les cerfs, les chevreuils, les daims et les mouflons est instauré en 1963. La prescription de ce plan ne tarde pas à arriver, en effet il devient obligatoire à partir de 1978. 

Outre cette institutionnalisation, un début de structuration se révèle avec la loi de Verdeille. Cette loi aboutit en la création des Associations Communales et Intercommunales de Chasse Agréées (ACCA et AICA) chargées de l’organisation de la chasse dans les communes volontaires. A défaut de leur existence, toute personne possédant un terrain inférieur à 20 hectares devenait systématiquement un adhérent, conférant à autrui le droit de chasser sur leur propriété. Auparavant, il était possible de chasser tout grand gibier qui se détériore et se trouve sur ses terres, depuis la loi de 1969 cet acte condamné le propriétaire à payer une indemnisation.

Les conditions d’acquisition du permis de chasse, devenu permis de chasser en 1975 se sont durcies, il est maintenant nécessaire de passer un examen.

En bref, le droit de chasse exclusif s’est vu transformé en droit de chasse des propriétaires. D’autant plus que ce loisir a subi une relégation des nobles aux riches bourgeois.

XXIème siècle, d’une pratique traditionnelle
et populaire
à une acceptation réticente

Aujourd’hui, la chasse n’occupe pas la même place dans nos sociétés que pendant le siècle précédent. En effet, l’émergence d’une volonté de préservation de la faune et flore est fortement ancrée dans les esprits. Les espaces naturels sont maintenant utilisés pour d’autres types d’activités, notamment des pratiques sportives qui sont souvent des passions. Les chasseurs disposent d’un certain nombre de droits Afin de remédier à ces intérêts conflictuels, un jour de non-chasse a même été mis en place et l’amendement de la Loi Verdeille permet aux propriétaires de choisir d’adhérer ou non à une ACCA. La loi de 2005 met avant l’intention d’atteindre un équilibre agro-sylvo-cynégétique, elle définit donc le juste milieu à parvenir entre les pratiques agricoles, de chasse et forestière demandant une coopération de la plupart des acteurs impliqués dans ces activités.   La chasse contemporaine doit s’adapter aux nouveaux enjeux nécessitant la coopération d’un certain nombre d’acteurs afin d’atteindre un objectif d’équilibre au profit de l’ensemble des acteurs.